BRELIDY : village de Bretagne
Réédité en 2015 il est de nouveau disponible à la Mairie.
Il permet au lecteur de (re)découvrir ce qui s'est passé dans ce territoire déjà occupé au néolithique et marqué par une occupation romaine attestée au 1er siècle de notre ère.
La motte castrale devenue le « Château féodal du Mur » a fait partie des lignes de défense des populations du Trégor pour résister aux incursions des Vikings remontant les cours du Jaudy et du Trieux.
Brélidy a vécu des moments forts, pendant les guerres de succession à la tête du duché de Bretagne au 14ème siècle et plus tard pendant les évènements de la révolution française et les révoltes des Chouans du Trégor.
Le livre replace ces évènements locaux dans l'Histoire de la Bretagne ; il publie aussi les archives de la « Fabrique » qui s'est investie à la fin du 19ème siècle dans la reconstruction de l'église actuelle. De dimensions modestes mais bien proportionné cet édifice élégant au centre de l'enclos paroissial abrite plusieurs objets classés relevant de la dévotion à son saint patron Colomban.
Un chapître reproduit un texte consacré aux « Ages d'or de la Bretagne » et un autre décrit l'industrie du lin à laquelle Brélidy a contribué comme en témoignent les « routoirs » (rouissoirs) encore bien visibles sur la commune et le Manoir de Kervisiou témoin de la prospérité de la Bretagne du 15ème au 18ème siècle.
Un peu d'histoire
Ecrit BEURLEUDI en breton, l'orthographe actuelle de BRELIDY remonte à 1414 après avoir été « dotée de deux L » sous la forme de BRELLIDY en 1342 et BRELEDY en 1330 (première mention connue).
Certains spécialistes émettent l'hypothèse que le nom a été composé à partir de « perle » (pâture) qui s'écrit aussi dans le vannetais « berle » ou encore « breli » et de « ti » (maison). L'existence du bourg est probablement liée à la motte féodale sur laquelle était bâtie la chapelle du Sacré Cœur, siège d'un château démoli au 14e siècle. La terre de Brélidy a été donnée en 1342 à Ayton DAIRE par Charles de Blois en même temps que celles de Pontrieux et de Châteaulin-sur-Trieux.
Au 15e siècle la terre de Brélidy appartenait à Guillaume de Rostrenen. Une pierre armoriée des armes de cette famille orne le chevet de l'église actuelle. Brélidy était une paroisse, dès 1486, rattachée au diocèse de TREGUIER ; la première municipalité a été élue en 1790 et par la loi du 11 juin 1847, sous le règne de Louis Philippe, le village de Kerhalic, jusqu'alors rattaché à Coastascorn, a été annexé à Brélidy.
Compris entre le Jaudy et son affluent le Théoulas
le territoire couvre 814 hectares et a été probablement constitué au 14e siècle au détriment de la paroisse de Plouëc. Le bourg occupe une position excentrée puisqu'il est placé à plus de 4 km de la limite sud de la paroisse, en bordure d'un plateau escarpé. L'église édifiée en 1727 a été remplacée en 1884 par l'actuelle église qui conserve avec le cimetière l'ancien enclos paroissial. Le patron est Saint Colomban, à qui est également dédiée la fontaine située à la base du plateau au bord de la vallée du Théoulas.
Moine irlandais, mort en Italie en 615, Colomban était spécialement invoqué en Bretagne et particulièrement à Brélidy pour la guérison des épileptiques, démoniaques, fous et simples d'esprit. Le pardon était autrefois célébré le sixième dimanche après Pâques ; à cette occasion la bannière de procession en velours et soie, datée du 17e siècle était en tête du cortège.
Le patrimoine de Brélidy
Aucun monument de la commune n'est classé ni inscrit au patrimoine. Il y a cependant quelques objets mobiliers classés à l'inventaire des monuments historiques : la bannière de procession, un buste reliquaire de St Colomban en bois polychrome (fin du 17e siècle), la pierre armoriée en granit (15e siècle) et deux autres statues en bois polycrhome : une vierge à l'enfant (17e siècle) et une statue de Saint yves (19e siècle).
Tous ces objets sont dans l'église, ils témoignent que du 14e au 18e siècle Brélidy a vécu (comme la Bretagne du reste) une grande période de prospérité.
Les promeneurs et visiteurs pourront découvrir divers monuments et édifices signalés comme anciens et pittoresques en dehors de l'église Saint Colomban et de son patrimoine, nous citerons :
- • La chapelle Saint-Pabu en Saint-Tugdual à Kerbiguet (18e siècle) avec une porte du 16e siècle ainsi que la croix de Saimt-Pabu (16e siècle)
- • Les croix du cimetière (17ème siècle) et de Lézuel (18e siècle)
- • Le manoir de Ty Ar Bonniec et la butte de Pen-an-Castel (motte féodale) formant un site pittoresque inscrit en 1943. Le manoir (1590-1610) appelé maintenant Château de BRELIDY . Le château a longtemps capitalisé une bonne part de la renommée de Brélidy.
- • Le manoir de Kerveziou (début 17e siècle) possède un portail plus ancien du 16e siècle.
Ci-contre : Le buste reliquaire de St-Colomban a été lui aussi classé Monument Historique le 11 février 1980 par le Ministère de la culture et de la Communication.
Aujourd'hui ... et demain
En 2007 le « Shéma stratégique d'aménagement du bourg » adopté à l'unanimité par le Conseil municipal et validé par la population aux élections de 2008 a permis le démarrage des travaux étalés sur trois tranches de 2009 à 2016.
Avec l'effacement des réseaux électriques, la réalisation d'un cheminement piétonnier et d'espaces de stationnement, d'un parvis sur la place de l'église, de la rénovation de la mairie, le centre bourg montre un nouveau visage.
Brelidy la Romaine
Le troisième événement comme dans les débuts d'enquête policière correspond à l'arrivée fortuite d'un visiteur que l'on désignera comme « le témoin éclairé ».
Après avoir œuvré pendant deux jours les agents de la DRAC décident d'emporter avec eux tous les vestiges recueillis à fin d'études complémentaires et archivages. Quelques jours plus tard (le 10 août), le maire reçoit un courrier officiel (partiellement reproduit ci-dessous) signé par le Directeur régional, confirmant l'intérêt du site et l'autorisant (à son grand soulagement) à poursuivre les travaux.
« Au lieu-dit Coz-Castel en Brélidy, la mise à jour de vestiges archéologiques caractérisés par la présence de maçonneries et de fragments de poteries et de tuiles de toitures a été signalée le 2 août 2007... constaté la présence de vestiges d'un caniveau orienté est-ouest... la fouille de celui-ci a livré des éléments de poterie domestique et de fragments de tuile datables de la période antique (1er 3es siècles de notre ère)... Cette découverte documente notre connaissance sur l'occupation antique du Trégor actuellement particulièrement lacunaire. Elle signale la présence d'une construction sans doute importante aux abords de la zone de travaux, dont la mémoire locale garde la trace sous la forme du lieu-dit Coz-Castel... ».
L'enquête est terminée, du moins momentanément, dans l'attente de faits nouveaux ; il est donc permis de rêver et chacun a le loisir d'imaginer en rassemblant ses souvenirs de lecture, de cinéma ou de télévision... ce que pouvait être Brélidy il y a deux mille ans.
En cinquante avant Jésus-Christ les légions de Jules César ont vaincu les tribus gauloises et occupent toute la Gaule ; toute ? NON si l'on se réfère aventures d'Astérix, il reste encore un village d'irréductibles Celtes qui résiste à l'envahisseur grâce à une certaine potion magique confectionnée par son druide...
Brélidy ne peut pas prétendre être ce village gaulois, car l'histoire le situe au bord de la mer ; par contre, nous savons que pour le neutraliser les Romains l'ont entouré d'une ceinture de garnisons qui occupent des positions stratégiques aux plans militaire et commercial, au carrefour de voies de communication.
Alors, Brélidy a-t-elle été une de ces garnisons qui une fois la « Pax romana » établie s'est transformée en colonie autour d'une « Villa » habitée par un grand propriétaire terrien.
De nombreux indices pourraient étayer cette théorie qui prend désormais du sens à la lumière des découvertes faites cet été. Il est notoire que bien des églises, chapelles... ont été érigées sur des sites consacrés auparavant aux cultes païens. De même, des positions géographiques reconnues depuis des millénaires et qui existent encore ont été établies sur des promontoires surplombant des vallées, au confluent de rivières qui sont des cheminements naturels pour les envahisseurs venus de la mer. La colline de Coz-Castel est l'un des points culminants de Brélidy dominant les vallées du Théoulas et du Jaudy.
Dès lors, il est raisonnable d'avancer qu'un oppidum romain ait été construit à cet endroit et que des villas (domaines ruraux dans la Gaule romaine) se soient établies sur le plateau avec des cultures sur les terres défrichées et des troupeaux paissant sur les pentes qui descendent vers les rivières. Les empereurs romains et leurs représentants dans les provinces de l'Empire récompensaient volontiers les militaires ayant accompli leur service (pendant 20 ans !) en leur remettant avec « l'Honesta Missio » un domaine à défricher et à faire fructifier. L'exploitation dont on a découvert les vestiges à Brélidy devait être prospère au 2eme siècle, car les restes de poteries ont pu être identifiées grâce à la qualité de leur vernis et à leur faible épaisseur comme provenant des manufactures de Lezoux (situées dans la vallée de l'Ailier) ce qui suppose que les habitants étaient suffisamment fortunés pour acquérir ces ustensiles. Il est très regrettable que le nom gallo-romain de Brélidy n'ait pas été conservé, car cette lacune empêche de faire des recherches dans les vieux parchemins où il aurait pu être cité.
Quoiqu'il en soit, nous avons la certitude d'habiter un territoire peuplé depuis plusieurs millénaires sur lequel des tribus celtes se sont assimilées au monde gallo-romain.
Par la suite le site de Coz-Castel a sans doute été abandonné au profit du promontoire qui domine le confluent du Jaudy et du Théoulas sur lequel le château fort du haut Moyen-Age a été édifié (de nos jours connu comme Motte féodale). Ce sont peut-être des incursions de vikings ou autres pirates qui ont ravagé le Coz-Castel et ont conduit les habitants à choisir de fortifier une zone plus facile à défendre.
Dorénavant en bêchant nos jardins ou en labourant nos champs nous aurons un autre regard sur ce morceau de terre cuite dont la couleur réveille celle de l'humus et qui séjourne là depuis deux mille ans ! En attendant qu'un soc de charrue ou un coup de pelleteuse ne vienne mettre à jour d'autres vestiges du passé ce qui relancera l'Histoire.
Faits et opinions rapportés par Henri PATIN, Conseiller municipal
Brélidy pendant le 14ème siècle
La seigneurie de Brélidy, très étendue et puissante, appartenait à Eon (Yvon) de Trésiguidy ; on ignore comment cette famille avait hérité de ce fief pour un des membres d'une fratrie qui va s'illustrer pendant ce siècle marqué par la guerre de Cent ans en France et la guerre de Succession dans le Duché de Bretagne.
Le duc Jean III monté sur le trône en 1312 a conduit une politique de bonne entente avec les rois de France; à sa mort en 1341 comme il n'a pas de descendant direct deux prétendants vont se déclarer.
Sa nièce Jeanne de Penthièvre, mariée à Charles de Blois est soutenue par les français. Mais le demi-frère du duc défunt, Jean de Montfort va lui aussi faire valoir ses droits et sera appuyé par les anglais ravis de voir s'ouvrir un nouveau front.
La noblesse bretonne va se partager entre les deux prétendants et parfois au sein d'une même famille.
Ce sera le cas des Trésiguidy, vieille lignée aristocratique remontant aux Francs de Charlemagne, dont le fief principal est la baronnie de Pleyben. Eon d'abord favorable à Charles de Blois change brusquement d'avis, peut-être sous l'influence de son frère Maurice, et se range dans le camp de Montfort. Au début du conflit le sort des armes est favorable à Charles de Blois ; il en profite pour confisquer la seigneurie de Brélidy (château fortifié et terres) et la donner à l'un de ses fidèles lieutenants nommé Ayton DAIRE en 1342 : "pour ses bons et agréables services en nos guerres de Bretaigne... et les painnes et grans travaulx quil a euz soufferts et soutenuz pour cause de nos dictes guerres... a ycelui Ayton, pour lui,pour ses hoirs et successeurs... donne et octroie au tiltre de pur et perpetuel don, sanz esperance de james rappeler... notre chastel et chastelerie de Chastiaulin sur Trieu, derechief le chastel de Brelledi et toute la terre qui fu Eon de Treseguidy."
Cinq années plus tard, à quelques kilomètres de Brélidy la victoire change de camp ; le 18 Juin 1347 les troupes de Charles de Blois sont vaincues par le clan des Montfort et ses alliés anglais sous les remparts de La Roche Derrien. Charles de Blois, fait prisonnier, est envoyé en captivité en Angleterre ; il sera libéré quelques années plus tard contre une forte rançon et reprendra la lutte jusqu'à sa mort sur le champ de bataille d'Auray en 1364. A partir de cette date nul n'entend plus parler du seigneur Ayton ; il a probablement été tué pendant la bataille de la Roche Derrien. En guise de représailles et pour affaiblir le clan français le château du Mur sera détruit. L'héritage de Ayton reviendra, au moins en partie, à des parents et alliés des Trésiguidy via les seigneurs de Lesverzault qui s'allieront à la lignée des Rostrenen.
On ne sait rien ou presque sur la période 1350-1450 ; sauf qu'en 1439 Marie de Lezversault possède les seigneuries de "Brelidy et Lezversaut". Le lieu dit Lezerzot, au sud de la commune de Brélidy, témoigne de la présence de cette famille jusqu'à la fin du 16ème siècle. Lorsque Péronnelle de Lezverzaut épousera Jacques du Parc de Locmaria en 1520 il en sera fini de cette lignée et de leurs demeures. Les du Parc choisiront en effet de réhabiliter le site de Brélidy en bâtissant le château Renaissance bretonne qui existe encore en bordure de la route de Coatascorn (on notera les orthographes variables pour Lesverzault ; on a recopié le nom tel qu'écrit dans le document consulté pour écrire cet article).
Quel a été le destin des frères Tréséguidy ? Ceux qui avaient choisi Charles de Blois n'ont pas laissé une grande trace ; par contre, le seigneur Eon de Brélidy a fait une belle carrière à côté des capitaines du clan Montfort et il finira "Capitaine de Quimper"(en quelque sorte Gouverneur militaire). Son frère Maurice est le plus célèbre ; il fera partie des trente chevaliers anglo-bretons qui combatirent en 1351 sur la lande de Mi-voie entre Josselin et Ploërmel contre trente chevaliers franco-bretons.
Après la reconnaissance du fils Monfort comme duc de Bretagne sous le nom de Jean IV et l'allégeance de ce dernier au roi de France, Maurice continuera la lutte, cette fois contre les anglais aux côtés de Du Guesclin ; après une courte carrière de diplomate il sera nommé "Capitaine de Paris" où il mourra en 1399.