A la découverte du patrimoine de Brélidy
Colomban Saint Patron de Brélidy | L'église | Les cloches | Chapelles | Calvaires | Le château de NOBLANS | Le manoir de Kerviziou
Il reste peu de traces visibles des occupations anciennes, cependant avérées, de l’âge de bronze et plus tard de l’Empire romain. Par contre, il existe de nombreux édifices qui sont datés approximativement, pour les plus anciens, et remontent jusqu’au Haut-Moyen Age :
• la motte castrale de Ty-ar-Bonniec daterait du 9ème siècle
• la motte castrale de la Chauvaie, dite Loquel Hastel
• le manoir de Ty-ar-Bonniec daté du 16ème siècle, appelé château de Noblans.
• l’église Saint Colomban, construite en 1884 sur l’emplacement d’un édifice daté de 1727, est citée dans les répertoires pour une pierre réemployée dans le chevet et gravée aux armes des Rostrenen (15ème siècle).
• la chapelle Saint-Pabu ou Saint-Tugdual de Kerbiquet (18ème siècle) avec une porte réemployée du 16ème siècle.
• la croix de Saint-Pabu (16-17ème siècle) au hameau de Kerbiquet.
• la croix du cimetière (17ème siècle)
• la croix de Lezuel (18ème siècle)
• le manoir de Kerveziou (début du 17ème siècle) avec portail du16ème siècle
• la maison de Kerouano (1727)
• la maison de Saint-Tugdual (1767)
• la maison de Lezuel (1792)
Par Arrété du 21 juin 1979 la Commission départementale des Objets Mobiliers a inscrit sur l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques les possessions suivantes :
• statue en bois polychrome de St-Yves (19ème siècle)
• statue en bois polychrome de St-Colomban (17ème siècle)
• Vierge à l’Enfant, statue en bois polychrome du 17ème siècle
• Pierre armoriée du 15ème siècle
Colomban Saint Patron de Brélidy
Colomban était un citoyen du monde par l’étendue des territoires parcourus, par l’essaimage co- lombanien qui, par-delà la mort du saint irlandais provoque l’éclosion de plus de quarante monastères en Europe Occidentale et par son élévation d’esprit :
« Si tollis libertatem, tollis dignitatem »
« Si tu enlèves la liberté, tu enlèves la dignité »
Colomban- lettre IV écrite à Nantes en 610
Pourquoi Saint Colomban patron de Brélidy ?
Les recherches effectuées par Yves Briand dans les registres paroissiaux de Brélidy et Mantallot ont montré qu’il existait sur le territoire de Mantallot une chapelle appelée la chapelle de Ber- thu qui possédait depuis les années 1500 les saintes reliques de sainte Justine, saint Véréconde, Saint Crescent, sainte Désirée et Saint Colombani. D’après les écrits elles furent acheminées de Rome par des pèlerins revenant des croisades.
Une partie de ces reliques avec le buste de saint Colomban furent données à plusieurs recteurs dont celui de Brélidy. Elles furent rapportées à Brélidy le 17 février 1746.
(attestation datée du 3 février 1746 par Sire Be- zien vicaire général à Tréguier)
L'église de Brélidy
Devenue paroisse en 1486, Brélidy possédait certainement des lieux de culte (église et chapelles, dont celle du château) dont on n'a pas conservé la trace. L'édifice érigé en 1727 a donc eu des prédécésseurs probablement sur le même site.
Elle n'offrait rien de remarquable au point de vue architectural - de la plus grande simplicité. II y avait un bas-côté au nord et une seule rangée de piliers grossièrement travaillés et de différents styles. Du côté du midi, il y avait une aile affectée à l'autel du rosaire.
Cette église datait de 1727, mais elle fut construite en plusieurs tranches. Le choeur était du début du siècle. La tour de 1727 dont la base jusqu'à la plateforme mesurait 35 pieds de hauteur et la flèche 23 pieds, (un pied équivalait à 33 centimètres). Cette tour fut bénite le 19 janvier 1727 ainsi que la croix et le cimetière. La dite croix mesurait 7 pieds de longueur d'après les textes.
La Mairie de BRELIDY se trouvait dans le baptistère de l'église jusqu'à 1851. Le premier dimanche de juillet, le Maire « ayant retiré tous ses papiers » remit la clef à Monsieur Yves Cozic Président des Marguilliers ou « conseil de fabrique » ; le Maire était Jean-Marie Cariou.
En 1864 une horloge fut posée dans la tour pour 50 francs. Quant aux cloches, il y en avait une avant 1845 date de la bénédiction des deux autres. L'une pesait 400 kilogrammes et l'autre 230 kilogrammes, fondues chez Le Jamtel à Lannion. Madame Meurou paya l'une et une souscription publique paya l'autre.
L'église était en mauvais état depuis plusieurs années, il fut décidé en 1882 de la démolir.
L'église actuelle fut construite assez rapidement, elle coûta 40 000 francs. La pose de la première pierre eut lieu le mardi 29 juillet 1884. Les charrois étaient au compte des brélidiens. Les
pierres vinrent de l’Ile-Grande et de Coatascorn (Garnel). L'architecte était Monsieur le Guerranic de Saint- Brieuc. Les entrepreneurs étaient Monsieur le Jan de Ploujean-Morlaix pour le gros oeuvre et l'entreprise Morvan du Vieux-Marché.
La nouvelle église fut inaugurée et bénite le jour du pardon le 16 mai 1886 par le curé de Pontrieux, l'abbé Baudour.
Nous constatons que la construction de cette église fut relativement rapide, trente deux mois. Les travaux furent surveillés et dirigés scrupuleusement par le président des Marguilliers, Sylvain Bothoa qui habitait avec ses parents à la ferme du Pavillon.
Le Conseil de Fabrique - ou Marguilliers - possédait l'argent nécessaire au paiement comptant de l'édifice, sans subvention de la commune ou de l'état.
Le maître-autel coûta 3 000 francs et les deux autels latéraux 1 200 francs chacun, mise en place comprise. L'entreprise Morvan du Vieux-Marché posa le parquet du choeur pour le prix de 12 francs le mètre carré. Le prix total du parquet du choeur, murets, lambourdes et parquet en vieux chêne du nord fut de 860 francs.
A cette époque les Marguilliers étaient :
• Jacques le Dû, maire
• Sylvain Bothoa, trésorier
• Yves le Bras, Baptiste Bouget, Yves-Marie Guerlesquin, François le Dû, Louis Cozic.
• L'abbé le Colas desservant.
Les cloches
évêque du diocèse. Les trois cloches sortaient de la fonderie Mavard de Villedieu-les-Poêles.
La plus grande s'appelait « SAINT COLOMBAN » - le patron de la paroisse ; son parrain : Jacques le Dû, maire ; sa marraine : Françoise le Bras épouse de François Bouget (adjoint au maire).
La moyenne se nomma « SACRE-COEUR DE JESUS » son parrain : Sylvain Bothoa ; sa marraine : Catherine le Luyer épouse de Baptiste Bouget (conseiller municipal).
La petite et troisième s'appelait « NOTRE-DAME DE LOURDES » son parrain : Louis Cozic, fabricien époux de Catherine Sébille ; sa marraine : Anne-Marie le Fichant épouse de Yves le Bras, président des fabriciens.
La grande cloche fut payée par le Conseil de fabrique et les deux autres par souscription dans la paroisse.
Si ces belles cloches, toutes jeunes baptisées, sonnèrent à toute volée le jour de leur baptême et sonnent encore, parfois gaiement et parfois tristement, de nos jours, elles durent ralentir pendant un court laps de temps car il fallut procéder à des travaux supplémentaires et indispensables pour consolider le clocher.
L'entreprise le Jan, de Morlaix et l'architecte le Guerrannic de Saint-Brieuc se rejetaient la responsabilité. L'architecte se porta garant de la solidité du clocher par lettre cachetée en date du 26 novembre 1887 en stipulant que Brélidy ne lui devrait pas d'honoraires pour ce travail supplémentaire. « Les cloches pourront sonner indéfiniment » disait-il.
La commune, exangue depuis la construction de l'école, ne put aider aucune autre réalisation. Il fallut donc que le conseil de fabrique règle le mur du cimetière. On « racla le fond de l'armoire » et on trouva la somme nécessaire. Une souscription faite en 1871 en faveur des « mobiles » ( ces derniers furent démobilisés en 1871 ) - restait en partie disponible. Citons au passage ce qu'étaient les mobiles. C'était une armée levée en Bretagne en 1870 pour libérer Paris encerclée par les allemands. Le général Kératry commandait cette armée en formation établie à Conlie à proximité du Mans. Soixante mille bretons furent rassemblés, dans un camp dans des conditions lamentables, dans un lac de boue - les bretonnants l'appelèrent « kervank ». (Vank = boue en breton). Beaucoup moururent de froid, mal armés ils ne purent se révolter. Les députés bretons protestèrent à l'Assemblée Nationale contre le gouvernement de Gambetta. Le général Keratry fut relevé de ses fonctions. Une profonde rancoeur et suspicion s'empara de l'opinion bretonne. Il existe encore de nos jours un monument commémoratif à Conlie dans la Sarthe à proximité de la ligne Paris-Brest.
La deuxième partie de la somme provenait d'un versement de 1500 francs de Monsieur Yves le Bihan, habitant à Coatascorn, somme qu'il devait depuis 1875 suite à l’acquisition de deux pièces de terre appartenant au Conseil de Fabrique de Brélidy. Il est équitable de mentionner entre tous les marguilliers, le nom de Sylvain Bothoa qui fut le « ministre des finances » du Conseil de Fabrique pendant trente années. Sa sépulture se trouve encore au bord du mur, à l’ouest, face au clocher.
Chapelles
Calvaires
Le château de NOBLANS
Après avoir été un promontoire d'observation au confluent de Théoulas et du Jaudy, puis un poste de défense fortifié sous la forme d'une motte féodale entourée de fossés, le site a été doté d'une forteresse connue dans le haut-moyen âge sous l'appellation de « Château du Mur ».
C'est ce que le chevalier Ayton Doire reçoit en 1342 pour « ses bons et loyaux services » comme cadeau de la part de Charles de Blois avec toutes les terres (dont la liste a déjà été détaillée p.51) qui s'étendaient jusqu'au Trieux incluant le moulin de Brélidy.
Nous n'avons pas d'informations sur le devenir de ce seigneur qui s'est retrouvé dans le camp des vaincus après la défaite du parti franco-breton à La Roche-Derrien (Kerroc'h) en 1347. Jean de Montfort et ses alliés anglais font de nombreuses victimes et des prisonniers à qui ils font traverser la Manche en attendant d'en libérer certains (les plus fortunés) contre rançon.
Il est établi qu'en 1439 Marie de Lezverzault, veuve de Jean Jagu, possède les deux seigneuries de Brélidy et de Lezverzault.
En contre-bas de la butte et au bord du Jaudy se trouve "Le moulin du MUR"qui dépendait jadis du château.
♦ Le château "Renaissance bretonne"
En 1520, Péronnelle de Lezverzault (ou Lézerzot) qui possède les deux seigneuries de Brélidy et de Lézerzault épouse Jacques du Parc de Locmaria, faisant ainsi entrer Brélidy dans le patrimoine de cette grande famille.
Ce sont les du Parc qui vont décider de construire le château de Noblans sur le versant sud de la colline,en contre-bas de l'ancienne forteresse.
Pendant la Révolution de 1789, les propriétaires ayant émigré le château est vendu comme bien national ainsi que les terres qui sont réparties entre plusieurs acquéreurs.
Devenus bâtiments et habitation agricoles le château, les dépendances, la motte féodale et les terres avoisinantes sont acquises en 1965 par Pierre et Eliane Yoncourt qui vont le rénover et en faire un Château Hôtel "Relais du silence".
Depuis 2019 le manoir est redevenu une résidence privée appartenant à Alan et Armelle FUSTEC.
La Motte féodale peut se visiter en suivant le chemin de randonnée balisé depuis le pont de Runan sur le Théoulas (voir Tro an daou dour pour plus de précisions).
Le manoir de Kerviziou
Situé à proximité du Théoulas il est habité par des propriétaires privés. Ceux-ci autorisent exceptionnellement la visite des parties extérieures lors des randonnées encadrées par les responsables de "Tro an daou dour".
Il témoigne de la prospérité du territoire pendant les 16éme et 17éme siècles due en particulier à la culture et à l'industrie du lin et du chanvre ; à quelques dizaines de mètres des bâtiments, tous inclus dans une grande cour rectangulaire, on découvre un rouissoir alimenté par une source.
EN SAVOIR +
Extrait de l'article écrit par A.LE NEDELEC,publié dans l’hebdomadaire « L’Echo de l’Armor et de l’Argoat » du 20-26 juillet 1998.
Kervisiou le Solitaire
A l’orée du bocage trégorois, il est un très vieux manoir datant du 16ème siècle.Aucune légende ne semble s’y rapporter et la mémoire collective ne le situe guère dans ses jardins secrets.Son élégance,toutefois,n’a d’égale que sa discrétion consolidée par un écrin de verdure chatoyant. La demeure de Kervisiou,sur la commune de Brélidy,loin du temps et de toute agitation, a conservé une authentique patine. Distante de quelques prés du Théoulas, autre ruisseau silencieux, elle ne dut son existence qu’à des teilleurs de lin argentés.Telle est du moins l’hypothèse de ses propriétaires actuels.
En empruntant l’axe Brélidy/Saint-Laurent, au détour d’un petit chemin de campagne, sur la gauche, une allée de châtaigniers, par son intimité,attire irrésistiblement le promeneur. Ces essences séculaires mènent à un porche de style Renaissance.
Chanvre et lin
Clos de murs en petites pierres, Kervisiou campe fièrement devant un puits des plus séduisants qu’il soit donné de voir dans la contrée. Et immédiatement, si le nouvel arrivant est enclin à la rêverie,les suppositions les plus insolites frôlent son esprit. La construction, comparable à celle de l’enclos,met cependant en exergue les ouvertures :fenêtres aux linteaux ouvragés ;escalier de pierre extérieur ; double portail imposant par sa grandeur. Nous sommes au XVIIème siècle.Les bouts de murs,les pans en queue d’aronde,les tours rondes sont révolus. La façade droite,longue,diffère de celle des anciens châteaux forts ou forteresses, à l’exemple de la Roche-Jagu.
Et jadis, la présence proche des rouissoirs autorise à penser que chanvre et lin étaient la principale ressource.Le domaine avoisinant les quatre-vingt hectares, appartenait à une famille issue de la bourgeoisie bretonne. Explication plausible, quand on sait qu’à la Révolution, armoiries et écussons attestant du rang de noblesse furent détruits. Le domaine étincelle par sa sobriété. Il est aussi,quelque part, la fierté de ceux qui l’ont modelé : les tailleurs de pierre dont le mérite était de donner forme à des blocs extraits des champs voisins ;les maçons pour leur savoir- faire ; les charpentiers qui maîtrisaient leur technique et parvenaient à des résultats relevant de l’exploit tant les grosses poutres qu’ils mettaient en place atteignaient un poids de plusieurs tonnes.
Matériaux naturels.
Le travail, effectué par des hommes indéniablement pétris de bonne volonté et de talent, étonne encore.Nous restons , en effet, admiratif devant :l’escalier de granit à caisson desservant six pièces principales ; les cheminées ou le cadran solaire présentant un écusson sur lequel on peut lire une inscription de 1632 !
Une farouche ténacité animant ces bâtisseurs d’antan a favorisé la réalisation d’autres caractéristiques : niches à pigeons, ici ; lucarnes,sablières ou chevronnières ,là....sans oublier les conséquentes hauteurs de plafonds, la longère d’époque et sa lucarne à fronton, le four à pain, l’ancestrale fontaine à proximité du rouissoir.
Il y avait, aussi, paraît-il,une chapelle intérieure jouxtant la cuisine, près de la tour. A ces éléments, il fallait que la légende s’ajoutât. Un souterrain rejoindrait les lieux au château de Brélidy. Il n’existe cependant aucune preuve de cette voie de passage mystérieuse. Pour l’heure, et cette fois nous sommes dans le réel, la rénovation suit son cours, dans le respect des techniques de construction originelles, en ayant recours à l’utilisation de matériaux naturels, comme pouvaient l’être la chaux, le chanvre ou le lin. Cette application, pour d’aucuns obsolète, obtient les faveurs des propriétaires. Une manière à leur sens de sauver le patrimoine.
Kervisiou, hier rutilant, au terme d’une longue promenade sans histoire, en compagnie d’un ru sans nom, s’apprête à ressurgir plus somptueux que jamais drapé de verdure éternelle.
Téléchargez l'article original :
Kerviziou le solitaire - Article de l'Echo de l'Armor et de l'Argoat de juillet 1998